Seigneurie de Vaud

La baronnie de Vaud
(1285-1359) Dans l’impossibilité de s’entendre au sujet de l’héritage de leur oncle Philippe, Amédée et Louis de Savoie choisirent de procéder au partage des biens. Amédée, l’aîné, hérita du titre, de la souveraineté sur l’ensemble des possessions et obtint la Savoie et le Chablais. Louis reçut en fief (ou apanage) le Pays de Vaud et devint « seigneur ou sire de Vaud ». A la fin du XV e siècle, on utilisera les termes de baronnie et de baron de Vaud. Louis I er , de 1285 à 1302, son fils Louis II, de 1302 à 1349, enfin sa petite-fille Catherine, dame de Vaud de 1349 à 1359, gouvernèrent un domaine qui regroupait une partie seulement du Pays de Vaud. Quelques seigneuries continuèrent à dépendre directement du comte de Savoie ; la famille comtoise des Montfaucon possédait Echallens et Orbe ; l’évêque tenait Lausanne, Lavaux, Avenches et Bulle.Catherine et son mari, le comte de Namur en Belgique, peu intéressés par leur lointaine possession vaudoise, revendirent en 1359 leurs droits sur le Pays de Vaud à leur parent le comte de Savoie Amédée VI.

Carte ancienne du bourg de Rolle

L’essor des villes dans le Pays de Vaud
La croissance de la population, le trafic international des marchandises passant par le Grand-Saint-Bernard, la volonté politique des seigneurs se conjuguèrent pour favoriser un essor des villes dans le Pays de Vaud, de 1150 à 1350.

Les anciennes villes se développèrent et de nouvelles furent fondées. Les unes et les autres reçurent du seigneur dont elles dépendaient une charte qui leur accordait des franchises, ou libertés : privilèges fiscaux (impôts moins lourds que dans les campagnes), avantages commerciaux (établissement de foires, de marchés), protection juridique (en particulier, garantie contre les arrestations arbitraires et participation à la justice). Chaque seigneur tentait d’attirer dans la ville qu’il avait dotée de franchises les paysans du voisinage ; s’ils étaient serfs, ceux-ci obtenaient généralement la liberté après un séjour d’un an et d’un jour en ville.

 

Environ 60 bourgs

Le Pays de Vaud fut particulièrement riche en fondations nouvelles (environ 60 bourgs). Elles étaient situées sur des voies de commerce importantes, comme Villeneuve, fondée en 1214, les Clées ou Yverdon, ou dans des positions stratégiques (bourg fortifié de La Sarraz). Dans certains cas, elles jouèrent le rôle de centres régionaux, permettant aux paysans d’écouler leurs produits ou de se tourner vers des activités artisanales. Les comtes de Savoie, les évêques, les grandes familles (Grandson, Montfaucon, Gruyère, Neuchâtel) rivalisèrent dans ce domaine. Yverdon, fondée par Pierre de Savoie en 1260, lui permit de s’implanter dans une région dominée par les Grandson et les Montfaucon.

Trop nombreux et trop proches les uns des autres, beaucoup de ces bourgs ne purent se développer. Certains ne seront jamais que de petits villages ; d’autres, comme les Clées, déclinèrent après un essor réjouissant. Contrairement à ce qui se passait par exemple en Italie ou en Flandre, les chartes de franchises ne donnèrent qu’exceptionnellement aux villes l’autonomie politique. Elles étaient administrées par un ou plusieurs officiers seigneuriaux qui consultaient de cas en cas les bourgeois (les habitants du bourg bénéficiaire des franchises). Peu à peu cependant, des groupes joueront un rôle important dans l’administration urbaine : conseillers gérant l’hospice, membres du tribunal ou des confréries religieuses seront à l’origine des organes municipaux.

Dès la fin du XIV e siècle, la plupart des villes possèdent un Conseil général, qui réunit tous les chefs de famille – hommes ou femmes – jouissant du droit de bourgeoisie, un Conseil de ville, élu par la communauté, et des responsables de l’administration courante, appelés gouverneurs ou syndics.

Les villes vaudoises se sont satisfaites de cette situation et n’ont pas réclamé leur autonomie politique, à l’exception de Lausanne. Les Lausannois entrèrent en rébellion contre l’évêque, leur seigneur, et proclamèrent dans les années 1280 la commune de Lausanne. Cette tentative échoua. Deux siècles plus tard, les communautés de la Cité et de la Ville inférieure (avec les bannières de Saint-Laurent, de la Palud, du Pont et de Bourg) s’unissent en 1481.